[Trad] « La FDA[*] devrait-elle sévir sur les « remèdes » homéopathiques ? »
[*ndtr : Food and Drug Administration, du département de la santé américain]
Article posté par Scott Gavura le 26 mars 2015 sur Science-Based Medicine.
Dans la catégorie des médecines complémentaires ou alternatives potentiellement dangereuses, je ne vois que peu de produits pires que ceux prétendument efficaces contre l’asthme, bien qu’ils ne contiennent en réalité aucun principe actif. Pourtant, ces produits existent, et se trouvent dans le commerce. Il y a tout juste un an, j’ai décrit ce que pourrait être le pire traitement homéopathique de tous les temps : un inhalateur homéopathique pour l’asthme. S’il pouvait y avoir un produit complémentaire ou alternatif qui cause de sérieux dommages de santé, c’est celui-ci :
Parmi les différents traitements et remèdes considérés comme des médecines « alternatives », l’homéopathie est le plus improbable de tous. L’homéopathie, c’est un système placebo élaboré, où le « remède » est en fait dépourvu de tout principe actif. Basés sur l’idée qu’elle « soigne le mal par le mal » (ce qui tient de la pensée magique, non de la science), les tenants de l’homéopathie croient que n’importe quelle substance peut être un remède efficace si suffisamment diluée : cancer, testicules de sanglier, huile de moteur, oxygène, lait caillé, sont tous des « remèdes » homéopathiques (je pense que le Mur de Berlin est mon préféré de tous, mais la poussière de sac d’aspirateur est aussi en bonne position). La dilution, dans le cas de l’homéopathie, est si importante qu’il n’y a mathématiquement aucune chance de trouver la moindre trace de l’ingrédient d’origine dans le remède typique qui s’en trouvent chimiquement indiscernables d’un placebo. Pour les homéopathes, c’est une bonne chose, car la dilution est sensée rendre le « remède » exempt de tout principe actif plus puissant. Rien de moins. Comme on s’y attendrait pour des produits inertes, des essais cliniques rigoureux confirment ce que la science la plus élémentaire (et les maths) prédisent : les effets de l’homéopathie sont des effets placebo. Récemment, Steven Novella a blogué à propos du Conseil de la recherche médicale et de la santé publique du gouvernement australien (NHMRC) qui venait de rendre public un rapport sur l’homéopathie et concluant ainsi :
« Basé sur l’évaluation des preuves de l’inefficacité de l’homéopathie, le NHMRC conclut qu’il n’y a pas de conditions pathologiques pour lesquelles l’homéopathie repose sur des preuves fiables et soit effective.
L’homéopathie ne devrait pas être utilisée pour traiter des états pathologiques chroniques, sérieux, ou qui pourraient le devenir. Les personnes qui choisissent l’homéopathie pourraient mettre leur santé en danger si elles rejettent ou retardent les traitements pour lesquels il y a de bonnes preuves de sécurité et d’efficacité. Les personnes souhaitant prendre de l’homéopathie devraient d’abord demander conseil à leur médecin. Celles usant d’homéopathie devraient en avertir leur médecin et continuer tout de même à prendre leur traitement prescrit.
Le NHMRC souhaite que les meilleurs traitements médicaux, basés sur les meilleurs preuves disponibles, soient accessibles à la population australienne ».
En dépit de l’improbabilité de l’homéopathie et du manque de toute preuve convaincante de son efficacité, elle continue à jouir d’une petite popularité comme une médecine « alternative », et certains systèmes nationaux de sécurité sociale remboursent même certains traitements [ndtr : de même qu’en France pour les remboursements, où cependant l’homéopathie jouit d’une très forte popularité]. Aux USA, la FDA est responsable de la régulation de l’homéopathie (ce qu’elle fait, très mollement). Si vous voulez vendre un remède homéopathique aux USA, vous n’avez pas besoin de prouver que votre produit marche effectivement. Contrairement aux médicaments, absolument aucun test clinique n’est requis. Ainsi ces produits peuvent être vendus légalement [ndtr : ces trois dernières phrases sont strictement valides pour la France également]. Grâce à un ancien sénateur US qui était un fan de l’homéopathie, tous les produits listés dans la Pharmacopée Homéopathique US (HPUS) est, par définition, un médicament pour la FDA et tombe alors dans ses prérogatives. Alec Gaffney note dans un bon résumé du système de régulation, que la FDA repose sur un Guide de Politique de Conformité (CGP), Les conditions selon lesquelles les produits homéopathiques devraient être commercialisés, qui définit les standards d’étiquetage et de fabrication des produits homéopathiques. Ces standards de régulation sont, en un mot, l’homéopathie elle-même. Cela met la FDA dans la situation difficile de devoir étiqueter ces produits comme « médicaments » tout en sachant simultanément qu’il n’y a besoin d’aucune preuve pour montrer que l’homéopathie fonctionne :
« La FDA n’est pas au courant des preuves scientifiques montrant l’efficacité de l’homéopathie ».
Est-ce que les standards actuels de la FDA protègent réellement les consommateurs étant donné le marketing homéopathique pour le traitement de véritables conditions pathologiques, comme l’asthme ? Ces produits peuvent bien être étiquetés « n’est pas un inhalateur de secours », on peut toujours se demander pourquoi ils sont vendus à la base, alors qu’ils n’offrent aucun bénéfice probable. La semaine dernière, la FDA a émis une alerte à propos des inhalateurs homéopathiques :
« La FDA met en garde les consommateurs de ne pas se reposer sur les produits homéopathiques pour l’asthme vendus sans prescription (OTC [ndtr : over-the-counter]). Ces produits n’ont pas été évalués par la FDA concernant leur sécurité et leur efficacité.
Les produits homéopathiques OTC pour l’asthme sont largement distribués chez des détaillants et sur internet. Beaucoup de ces produits sont présentés comme « naturels », « sûrs et efficaces », et sont indiqués aussi bien pour des symptômes d’asthme aigus que des symptômes mineurs. En général, les consommateurs peuvent identifier de tels produits grâce à l’indication « HOMEOPATIE » ou « HOMOEOPATHIE » sur les étiquettes, et regarder les principes actifs listés et leur dilution (ex : « LM1 » « 6x » ou « 30C »). »
Les sprays homéopathiques pour l’asthme sont en effet largement vendus, non seulement par Target, mais aussi par d’autres pharmacies et sur internet.
Dès lors, la FDA a annoncé réévaluer les principes de régulation de l’homéopathie, ce qui ne manquera pas de satisfaire mes co-bloggers américains :
« La FDA a annoncé une enquête publique pour obtenir des informations et des commentaires des consomateurs sur l’usage actuel des médicaments et produits biologiques homéopathiques, de même que son système de régulation de ce genre de produits. Ces produits concernent des médicaments sous prescription, des produits biologiques homéopathiques et des médicaments homéopathiques OTC. La FDA recherche des participants pour cette enquête publique, incluant des consommateurs, des patients, des soignants, des professionnels de la santé, des groupes de patients, et l’industrie. La FDA cherche à approfondir un certains nombre de questions spécifiques, mais est intéressée par toute information pertinente que les participants pourraient partager ».
L’évènement aura lieu les 20 et 21 avril à Silver Spring dans le Maryland. L’inscription est gratuite (il y aura une sélection en ligne), et vous pourrez même faire une présentation orale. J’encourage fortement tous ceux qui auraient la possibilité de participer à le faire et à donner une perspective basée sur les preuves scientifiques. Il est clair que la FDA reconnait l’inefficacité de l’homéopathie. Alors à quoi pourrait ressembler une régulation adéquate et appropriée de la FDA ? Espérons que des produits comme les sprays homéopathiques pour l’asthme seront bientôt du passé.
[…] la suite de l’affaire de la mise en conformité de la régulation des produits homéopathiques dans le […]
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