[Trad] Scientisme et promotion des sciences

Ce billet est une traduction d’un texte rédigé en anglais par Fallacy Man sur le blog The Logic of Science le 1er août 2018.

Si vous parcourez les commentaires sur ce blog ou la page Facebook associée, ou les réactions à n’importe quelle autre contenu pro-science, vous trouverez rapidement des accusations de « scientisme ». En effet, parmi ceux qui aiment être en désaccord avec les résultats scientifiques, cela semble être devenu un joker qu’ils utilisent pour rejeter tout élément de preuve ou argument qui entre en conflit avec leurs idées préconçues. Les gens semblent penser que le fait de qualifier leur adversaire de scientiste est un substitut valable à la présentation de preuves réelles pour consolider leur position. De plus, au moins dans les cas que j’ai personnellement observés, cette accusation revient souvent à commettre le sophisme de l’homme de paille en caricaturant soit le scientisme, soit les affirmations des défenseurs de la science. Néanmoins, il est très facile d’être négligent dans notre façon de formuler les choses et de faire par inadvertance une déclaration qui a l’apparence du scientisme, même si ce n’était pas l’intention. Par conséquent, je voudrais parler brièvement de ce qu’est et n’est pas le scientisme.

Le scientisme est une position philosophique qui met l’accent sur la science avant tout. Malheureusement, comme beaucoup de points de vue philosophiques, cette dernière est un peu amorphe, et il n’y a pas de définition universellement acceptée, et c’est probablement plus un spectre qu’une vue discrète, parfaitement délimitée. Néanmoins, voici quelques thèmes communs que l’on retrouve généralement dans les définitions du scientisme. Premièrement, le scientisme exagère souvent notre confiance dans les résultats de la science. Deuxièmement, il tente souvent d’appliquer la science à des sujets qui ne relèvent pas de la science et, troisièmement, il affirme souvent que la science est la seule source de connaissances. Je vais parler de ces aspects et donner quelques exemples.

Commençons par parler de notre confiance dans les résultats scientifiques. Je reçois fréquemment des commentaires fâchés sur le blog/Facebook sur la façon dont d’autres sceptiques et moi sommes des idiots ignorants qui adorent les scientifiques comme des dieux et pensent que la science est infaillible. Si nous déifiions les scientifiques ou si nous pensions que la science donne des réponses absolues et infaillibles, nous serions de fait coupables de scientisme. Cependant, je n’ai encore vu personne atteindre de tels extrêmes, et cet argument est habituellement un homme de paille. La science ne donne pas de réponses définitives. Il s’agit plutôt d’un processus fondamentalement probabiliste qui nous dit simplement ce qui est probablement vrai compte tenu des preuves actuelles. Cette probabilité peut toutefois changer lorsque de nouvelles preuves apparaissent. En d’autres termes, tout ce que nous disons, c’est que nous devons accepter les résultats que la science nous donne jusqu’à ce que des preuves scientifiques supplémentaires montrent que ces résultats sont erronés.

Le problème ici est que les gens sautent souvent de « la science ne donne pas de réponses définitives » à « la science n’est pas fiable, et je n’ai pas à accepter ses réponses ». C’est illogique (en fait, c’est la définition même du déni de la science). Le fait que la science ne donne pas des preuves fiables 100% ne signifie pas que nous ne pouvons pas être très certains des résultats qu’elle donne, et cela ne signifie certainement pas que vous pouvez la rejeter quand vous le voulez. Lorsque des douzaines, des centaines ou même des milliers d’études ont convergé vers un résultat, il est très peu probable que le résultat soit faux, et il serait insensé de rejeter ce résultat. Il ne s’agit pas d’un énoncé du scientisme, mais plutôt d’une vision rationnelle et fondée sur des données probantes de la réalité.

Plus simplement, « de nombreuses études ont montré que X est vrai, donc X est absolument vrai et qu’il n’y a aucune chance que ce soit faux » serait du scientisme. Cependant, dire, « de nombreuses études ont trouvé que X est vrai, donc c’est très probablement vrai et nous devrions agir comme si c’était vrai jusqu’à ce que nous ayons des preuves du contraire » n’est pas du scientisme (du moins pas selon les définitions raisonnables que j’ai pu lire).

En d’autres termes, tout résultat scientifique peut être remis en question un jour, et les scientifiques devraient tenir compte des nouvelles preuves au fur et à mesure qu’elles se présentent, mais il n’y a aucune raison de rejeter un résultat scientifique bien établi à moins que de nouvelles preuves solides apparaissent. En d’autres termes, beaucoup de gens veulent que les scientifiques remettent en question des résultats bien établis, préférant se baser sur des anecdotes, des spéculations et d’autres formes de preuves de mauvaise qualité, et quand les scientifiques refusent de le faire, ils les accusent de scientisme. Être ouvert d’esprit signifie être prêt à accepter de nouvelles preuves, ne pas être prêt à accepter quelque chose en dépit d’un manque de preuves (c’est être crédule). De plus, il est utile de préciser que poser des questions est une bonne chose, voire même encouragé, mais vous devez être prêt à accepter les réponses à vos questions. C’est bien de poser une question comme « ce traitement est-il sûr ? mais si la réponse est qu’il y a de multiples études de haute qualité disant que c’est le cas et qu’il n’y a pas de preuves convaincantes que ce n’est pas le cas, alors refuser d’accepter les résultats de ces études est, par définition, un déni de la science.

On peut en revanche parler de scientisme lorsque vous essayez d’utiliser la science pour discuter d’un sujet qui n’est pas du domaine de la science. La science, par sa définition même, est limitée à l’univers physique. Si nous ne pouvons pas observer et quantifier un phénomène (ou au moins observer et quantifier ses résultats), alors nous ne pouvons pas l’étudier à l’aide de la science. Ainsi, la philosophie et la théologie sont en dehors du champ de la science, et la science ne peut pas répondre à des questions comme  » y a-t-il un dieu ? Autrement dit, la science peut nous montrer comment cloner un être humain, mais elle ne peut pas nous montrer s’il est moralement acceptable ou non de cloner un être humain.

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L’accusation de scientisme est très courante sur les réseaux sociaux. Si le choix des contenus enseignés n’est pas du ressort des sciences, l’évaluation des méthodes d’apprentissage ou des conséquences des choix évoqués précédemment est en revanche tout à fait à leur portée. Ainsi, les enseignants peuvent bel et bien gagner à considérer les résultats scientifiques les concernant. Ces commentaires réagissaient à un article de présentation de l’Evidence-Based-Education.

Habituellement, c’est avec la religion que les gens ont le plus d’ennuis, pas la philosophie (encore une fois, du moins dans mes observations). Chaque fois que vous entendez quelqu’un faire une déclaration comme, « la science a réfuté l’existence de Dieu », il s’agit de scientisme. Le concept de dieu est intrinsèquement celui d’un être métaphysique qui existe en dehors des lois de la science. Par conséquent, la science ne peut pas se pencher sur son existence.

Le revers de la médaille, c’est que les religieux se servent souvent d’accusations de scientisme pour attaquer les résultats scientifiques qui entrent en conflit avec les affirmations de leur religion au sujet de l’univers physique. Le créationnisme en est l’exemple le plus évident. La science ne peut pas nous dire si Dieu existe, mais elle peut nous dire (avec un degré de certitude extrêmement élevé) que la vie sur terre a évolué pendant des milliards d’années, que le déluge de Noé ne s’est pas produit, etc. et rien de tout cela n’est du scientisme. Chaque fois que la religion fait une revendication au sujet de l’univers physique, elle entre dans le domaine de la science, et nous pouvons utiliser des preuves physiques pour évaluer la revendication. Les interventions physiques d’un hypothétique Dieu peuvent donc être ainsi discutées.

Cela m’amène à la dernière catégorie dont je veux parler : les allégations selon lesquelles la science est la seule source de connaissances. C’est difficile d’en parler, car le concept de connaissance a été débattu par des philosophes pendant des millénaires. Donc, plutôt que de m’enliser dans la définition de la connaissance, je vais simplement expliquer pourquoi je ne suis pas d’accord avec l’idée que la science est la seule source de connaissance, ainsi que de discuter de la confusion avec les accusations de scientisme (note : je suppose que je suis réel et dans un univers physique réel, mais si vous voulez la jouer philosophe, je suis d’accord que je ne peux pas « savoir » que dans le sens le plus fort du terme ; encore une fois, j’essaie d’éviter de m’égarer dans ce genre de débat).

Il y a beaucoup de choses que nous « savons » sans la science. Tout d’abord, en revenant au point précédent, je dirais que pour de nombreux sujets philosophiques/moraux, nous pouvons arriver à de très bonnes conclusions par la logique et le raisonnement. Je ne suis donc pas d’accord pour dire que la philosophie ne vaut rien ; au contraire, elle répond simplement à des questions différentes de celles de la science.

Même dans le monde physique, nous pouvons savoir beaucoup de choses sans science. Je sais, par exemple, que je suis assis devant un ordinateur en ce moment même. Ai-je acquis ces connaissances en faisant une expérience systématique et en effectuant des statistiques ? Évidemment non, et je ne pense pas que quiconque puisse prétendre qu’il faut le faire pour savoir que je suis assis devant un ordinateur. En effet, nos vies sont remplies de ce type de connaissances acquises par simple observation, plutôt que par la recherche systématique. Le problème, c’est que nos observations sont parfois très peu fiables et entrent en conflit avec les résultats scientifiques.

Permettez-moi de donner un exemple trivial. À d’innombrables occasions, j’ai vu des gens aux États-Unis convaincus que les serpents à sonnettes s’hybrident avec des serpents non venimeux comme les couleuvres à jarretelles et les élaphes. Ils prétendent le savoir parce qu’ils ont vu des hybrides. En tant qu’herpétologue, cependant, je sais que la notion d’hybridation de ces espèces est manifestement absurde. Ces serpents appartiennent à des familles totalement différentes. Leurs structures reproductrices sont différentes, leur génétique est différente, leur mode de reproduction est différent, etc. J’hésite à utiliser le mot « impossible » après la discussion ci-dessus sur les probabilités, mais quelque chose de ce genre est si peu probable qu’à toutes fins utiles, on pourrait tout aussi bien l’appeler « impossible ». Il faudrait se tromper fondamentalement sur tellement de choses pour que ces serpents puissent s’hybrider qu’il est extraordinairement improbable que ce soit possible. Je peux donc affirmer avec un très, très haut degré de confiance que les connaissances des personnes susmentionnées sur ce sujet sont erronées et que les résultats scientifiques sont corrects. Encore une fois, ce n’est pas du scientisme, c’est simplement accepter des preuves.

Peut-être que la façon la plus commune dont cela se joue est avec des anecdotes sur la médecine (ou les divers « traitements » qui se déguisent en médecine). Les gens aiment les anecdotes, et ils prétendent souvent savoir des choses à partir d’anecdotes. Le problème est que, comme je l’ai déjà expliqué, les anecdotes ne peuvent pas établir la causalité. Oublions un instant la science et parlons de logique. Dire « X est arrivé avant Y, donc X a causé Y » est une erreur logique connue sous le nom de post hoc ergo propter hoc. C’est une ligne de raisonnement invalide. Néanmoins, les gens insistent souvent sur le fait qu’un traitement donné fonctionne ou qu’un médicament donné est dangereux parce qu’ils l’ont « vu eux-mêmes ». C’est là que les fausses accusations de scientisme ont tendance à se mettre à voler.

Ce que je vois habituellement, c’est ce qui suit.

  • Personne 1 : Voici de multiples études montrant que X ne cause pas Y.
  • Personne 2 : Ces études doivent être fausses parce que je sais que X cause Y. Je l’ai vu moi-même, donc je sais que c’est vrai.
  • Personne 1 : Les anecdotes personnelles ne sont pas une bonne preuve de causalité. Il y a beaucoup de choses qui pourraient donner l’impression que X cause Y, même si ce n’est pas le cas. Vous avez besoin d’études soigneusement contrôlées pour que votre position soit valide, et au lieu de ces études, ignorer les preuves contre une relation de cause à effet est un déni de la science.
  • Personne 2 : C’est du scientisme ! La science n’est pas infaillible, et la science n’est pas la seule forme de connaissance ! Comment osez-vous dire que mes expériences personnelles sont moins valables que votre science ? Remettre en question la sagesse acceptée n’est pas un déni de la science. Les scientifiques sont censés être ouverts d’esprit.

La personne 2 commet un homme de paille et se sert de l’accusation de scientisme comme excuse pour nier la science. En d’autres termes, elle ne veut pas admettre qu’elle nie les preuves scientifiques, alors elle essaie plutôt de rejeter la faute en disant qu’elle ne nie pas les preuves, l’autre personne faisant prétendument preuve de scientisme.

Ce raisonnement est spécieux. Le fait que la science ne soit pas infaillible ne signifie pas que vous pouvez ignorer ses résultats à tout moment, et le fait que la science n’est pas la seule source de connaissances ne signifie pas automatiquement que les autres sources de connaissances sont égales dans tous les contextes. Lorsqu’il s’agit d’établir la causalité dans l’univers physique, la science est la méthode la plus fiable, et vous ne pouvez pas la rejeter à tout moment. De plus, je répète ce que j’ai dit précédemment, à savoir que poser des questions en l’absence de preuves, c’est bien, mais refuser d’accepter les résultats de nombreuses études ne l’est pas.

Tout cela revient à un concept dont je discute fréquemment : la charge de la preuve. C’est à la personne qui fait une affirmation qui sort de l’ordinaire qu’il incombe d’étayer son propos : les affirmations extraordinaires exigent des preuves extraordinaires. En d’autres termes, la science n’est pas infaillible, mais elle est vraiment bonne, et si vous voulez dire que de nombreuses études sont fausses, alors vous aurez besoin de preuves extraordinaires, et des anecdotes personnelles logiquement invalides ne suffiront pas. En fait, tout cela peut se résumer par la simple affirmation selon laquelle les sujets scientifiques exigent des preuves scientifiques. Ce n’est pas du scientisme, c’est comme ça que la science fonctionne.

En bref, le scientisme est une position philosophique qui surestime la science et soutient qu’elle est la seule source de connaissances et/ou qu’elle s’applique à tous les sujets. Bien que les gens fassent parfois des arguments en ce sens, les accusations de scientisme sont souvent des hommes de paille qui servent simplement à détourner l’attention de la faiblesse de la position défendue. En d’autres termes, plutôt que d’admettre que leur point de vue est incompatible avec les preuves scientifiques, de nombreuses personnes accusent simplement leur adversaire de scientisme dans une tentative invalide de délégitimer sa position. La science n’est pas infaillible, mais vous devez avoir de bonnes preuves avant de contester les résultats qu’elle produit.

Note 1 : Bien que l’observation soit une partie importante de la science, elle n’est pas en soi une science. La science exige une collecte systématique d’observations.

Note 2 : Pour être clair, je ne veux pas dire que jamais le moindre sceptique n’est coupable de scientisme. Ce doit probablement être le cas de temps à autres. Ce que je veux dire, c’est simplement que dans de nombreux cas, les accusations de scientisme sont des hommes de paille.


Quelques ressources francophones supplémentaires sur le sujet :

La Tronche en Live #17 avec Guillaume Lecointre

Scepticisme et scientisme, une même posture ? chez Chroniques Zététiques

Scientisme et empirisme chez Philosophie des sciences

Scientisme et pseudo-science, un commentaire philosophique traduit ici-même

14 commentaires sur “[Trad] Scientisme et promotion des sciences

  1. Le scientisme est un peu plus que l’utilisation de la science pour tout expliquer ou comme seule source de connaissance, y compris ce qui ne relève pas de la science, comme vous le soulignez justement.
    Le scientisme est aussi la conviction, ou la croyance, que la science peut résoudre tout les problèmes. C’est une conviction, dont les adeptes ne revendiquent pas, je le concède, le caractère scientifique. Comme toutes les convictions, elle peut être débattue, avec des arguments valides, mais pas prouvée ou infirmée par la science.

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    • Le scientisme pourrait être infirmé scientifiquement me semble-t-il. Il suffirait de trouver un contre-exemple : un problème qui ne puisse être scientifiquement résolu. Le non-scientiste en trouvera plein car il n’a pas l’esprit à « scientifiser » les choses. Le scientiste n’en trouvera aucun, à moins de lui borner l’espace des possibles.

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  2. A noter que l’auteur du billet aurait pu, vu qu’il parle du courant scepticisme, mentionner certaines personnes qui sont accusées de scientisme pour de bonnes raisons
    C’est le cas, par exemple, de Sam Harris. Très apprécié chez les sceptiques mais défendant parfois des postures très problématiques et très éloignées de la rigueur à laquelle on essaye de se tenir. Le billet est sympa mais il faut quand même faire le constat que c’est un peu facile de critiquer ceux qui nous accusent de scientisme à tort sans préciser que, parfois, l’accusation peut être légitime !

    Voici la posture de Harris concernant l’accusation de scientisme qui lui est faite très souvent :

    « I am, in essence, defending the unity of knowledge—the idea that the boundaries between disciplines are mere conventions and that we inhabit a single epistemic sphere in which to form true beliefs about the world. This remains a controversial thesis, and it is generally met with charges of “scientism.” Sometimes, the unity of knowledge is very easy to see: Is there really a boundary between the truths of physics and those of biology? No. And yet it is practical, even necessary, to treat these disciplines separately most of the time. In this sense, the boundaries between disciplines are analogous to political borders drawn on maps. Is there really a difference between California and Arizona at their shared border? No, but we divide this stretch of desert as a matter of convention. However, once we begin talking about non-contiguous disciplines—physics and sociology, say—people worry that a single, consilient idea of truth can’t span the distance. Suddenly, the different colors on the map look hugely significant. But I’m convinced that this is an illusion. »

    A mon avis, c’est bien peu convaincant et, même si ça l’est, il échoue régulièrement à démontrer qu’il est capable d’appliquer sa position avec succès, notamment quand il prétend que la science peut répondre aux questions morales / éthiques et ce, sans lui même connaitre les décénies de recherches en philosophie qui ont étudiés le sujet. Résultat : de nombreuses erreurs dans son livre sur la morale et des positions qui semblent être celles d’un étudiant qui débute et qui ne connait pas sa matière tout en prétendant réinventer la roue.

    Voici quelques liens concernant ces accusations :
    http://rationallyspeaking.blogspot.com/2010/04/about-sam-harris-claim-that-science-can.html
    https://www.theguardian.com/news/oliver-burkeman-s-blog/2013/aug/27/scientism-wars-sam-harris-elephant

    Sam Harris n’est pas le seul à faire des erreurs (ou avoir des prétentions) qui correspondent au « scientisme ». D’autres grandes stars des scientifiques, des sceptiques et des athées sont à signaler de ce coté
    https://blog.apaonline.org/2018/01/25/the-problem-with-scientism/

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  3. Je signale une petite erreur, probablement liée à la traduction : « … beaucoup de gens veulent que les scientifiques remettent en question des résultats bien établis basés sur des anecdotes, des spéculations et d’autres formes de preuves de mauvaise qualité … »

    Suggestion : « … beaucoup de gens veulent que les scientifiques remettent en question des résultats bien établis. Ces gens mettent en avant des anecdotes, des spéculations et d’autres formes de preuves de mauvaise qualité … »

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  4. Je veux pas être vilain, mais il faut remarquer que la situation est cocasse: il est vrai que l’accusation de scientisme est utilisé pour de mauvaises raisons en général, mais je ne peux pas m’empêcher de penser qu’elle est, si pas majoritairement, au moins souvent, vraie accidentellement.

    Combien d’après vous, honnêtement, pense vraiment que la majorité des zététiciens ne pensent pas que c’est la science seule qui est source de connaissance? Il faudrait faire des sondages sur le sujet, je pense qu’on serait surpris.

    Puis bon, il ne faut pas s’étonner quand des personnalités publiques « leaders », type Guillaume Lecointre ou les petits gars de la TeB, sont elles-même scientistes. Preuves, pour éviter qu’on m’accuse de je ne sais quoi:

    https://youtu.be/-eMwipDoLSY?t=1h7m37s ( On remarquera l’argument circulaire assez comique:  » La métaphysique n’est pas une connaissance objective puisque la connaissance requiert un cadre qui lui-même requiert l’absence de métaphysique. » Épatant. On peut aussi parler de la suite de la conférence où il en vient à accuser d’autres de scientisme. Burlesque. 😀 )
    http://menace-theoriste.fr/science-a-ses-limites/ :
     » Bref, c’est la science qui prouvera l’existence de l’âme si l’âme existe ; c’est la science qui prouvera l’éventuelle existence de n’importe quel phénomène paranormal. On peut le dire avec une certaine assurance parce que c’est ce que nous enseigne l’histoire du savoir humain.  » Oui, c’est pas du tout comme si la question du matérialisme/spiritualisme ontologique était avant tout une question métaphysique.

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  5. Autrefois, la question « Pourquoi les objets tombent ? » était considérée comme un problème métaphysique. Ensuite, Newton s’en est emparé, et avec reformulation, il a établi ses trois principes qui ont bien servi la physique mécanique.

    Lorsque vous dites « Premièrement, le scientisme exagère souvent notre confiance dans les résultats de la science. Deuxièmement, il tente souvent d’appliquer la science à des sujets qui ne relèvent pas de la science et, troisièmement, il affirme souvent que la science est la seule source de connaissances. », je dirais premièrement que vous êtes pessimiste envers l’esprit humain, deuxièmement que la science ne progresse qu’en s’emparant de sujets qui ne relèvent pas d’elle a priori, troisièmement que le rapport de la science à la connaissance et au savoir est une affaire de définition. Personnellement (vous pourriez me qualifier de scientiste), je définis la science comme la seule méthode qui permette l’accès au savoir, posant par la même une définition du savoir (c.f. étymologie du mot science). Par conséquent, « La science est-elle la seule source de savoir ? » n’est pas une question dont on démontre le vrai ou le faux, mais un axiome. Aussi, dire que notre confiance dans les résultats de la science sont exagérés suppose qu’il existe un ensemble mesurable des résultats de la science. Un tel espace existe-t-il ?

    De mon point de vue, l’affirmation « la science n’est pas infaillible » n’a pas de sens. La science n’est pas testable, il est testable qu’une proposition soit scientifique en revanche). Les sciences expérimentales incluent les raisonnements d’inférence et la réfutation et ne peuvent mener essentiellement qu’à des croyances, des faits, des modèles, rien de « vrai » à proprement dit (c.f. Popper, Conjectures et Réfutation). En ce qui concerne les mathématiques ou les sciences appliquées, tout fonctionne à la déduction. L’univers étant défini, nous avons alors des réponses définitives. Il est réducteur de dire que « La science ne donne pas de réponses définitives. Il s’agit plutôt d’un processus fondamentalement probabiliste qui nous dit simplement ce qui est probablement vrai compte tenu des preuves actuelles. » Les méthodes probabilistes sont un strict sous-ensemble scientifique.

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  6. La situation que vous présentez est un cas d’école de ce que n’est pas la communication d’un esprit scientifique, sceptique, ou scientiste. À vrai dire, les deux personnes restent juste dans leur dogmatisme. Une réponse que pourrait apporter Personne 1 pour stimuler la scientificité de Personne 2 (et la sienne par la même) est de lui demander de décrire en détails, l’anecdote susnommée. Cela coûte une ouverture d’esprit complète (mais pas aveugle) de P1. Après tout, peut-être qu’il y a bien causalité dans l’anecdote précise de P2. Peut-être bien que chez l’individu de l’anecdote, il existe bel et bien des mécanismes causant Y à partir de X. Ce que P1 n’a pas scientifiquement réfuté (donc ne peut soutenir).
    Le principe « C’est à la personne qui affirme que revient la charge de la preuve. » n’est qu’une excuse pour rester dans son conformisme. Le scientifique, chercheur, ne se contente pas d’attendre qu’on lui apporte la preuve, tout particulièrement si son interlocuteur déclare des choses contraires à ses idées. Il va les chercher lui-même.
    Par ailleurs, remarquons que lorsque P1 déclare « ignorer les preuves contre une relation de cause à effet est un déni de la science. », cela sous-entend « ton propos est invalide. » Ce qui est une affirmation. Par conséquent, il incombe à P1 de prouver que P2 a tort. Ce qui n’est pas « P2 doit prouver qu’il a raison ». J’ai vu bien des « sceptiques » tenir ce genre de position de pseudo-sachant, mais ce comportement n’est pas respectueux.
    L’expression du dogmatisme est d’autant plus forte lorsque vous dites « tout ce que nous disons, c’est que nous devons accepter les résultats que la science nous donne jusqu’à ce que des preuves scientifiques supplémentaires montrent que ces résultats sont erronés. » Jamais la science n’impose l’acceptation d’un résultat, tout un chacun est libre de contredire ou de faire autrement. Le rôle de scientifique exclut de faire appliquer ce que l’individu croît en accord avec ses conclusions. Libres sont les gens de s’orienter vers où ils leurs souhaitent, y compris si les probabilités qu’ils suivent la bonne route sont faibles. Probabilité n’est pas occurence.

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  7. Il me semble qu’un exemple de scientisme serait : exiger la société à prendre des décisions en fonction des résultats de la science. Et cet exemple est assez fréquemment rencontré.

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    • Exact, j’ai en tête l’affaire des néonicotinoïdes (Gaucho et autres insecticides du même type). Dès leur introduction les apiculteurs ont constaté une mortalité accrue des abeilles. Qu’ont dit nombre de sceptiques et zététiciens? « Les études ne prouvent rien, il y a d’autres causes, corrélation n’est pas causalité etc. ». Jusqu’à ce que finalement (plus de 10 ans après!) deux études fiables prouvent bien la responsabilité importante de ces insecticides dans l’hécatombe d’abeilles.
      Les sceptiques/zététiciens ont fait preuve dans leur grande majorité, du moins ce qu’ai j’ai pu voir sur les groupes de discussion Facebook (l’échantillon vaut ce qu’il vaut) d’une position hypercritique et scientiste, ce que ne manquaient pas aussi de faire les gouvernements successifs qui ont refusé d’interdire les néonicotinoïdes. Dans les deux cas les apiculteurs étaient aussi parfaitement méprisés comme de vulgaires ignorants.
      Le rasoir d’Ockham aurait pourtant dû les orienter sur la bonne voie de l’hypothèse la plus simple, qu’il aurait été très simple de vérifier en interdisant immédiatement ces produits.

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      • Salut Alex,
        Je sais que ton commentaire date et probablement que tu ne me liras jamais. Je sais que tu sembles en vouloir beaucoup à ceux qui se sont revendiqués zététiciens et probablement que le lien que je te mets fait référence à des gens que tu n’apprécient pas (la TeB). Mais comme tu parles d’apiculuture et que je suis totalement profane dans le domaine, cela me fait penser à un entretien de la TeB avec un agronome membre de l’Académie d’agriculture à ce sujet. En tant que profane, je suis donc interpellé par ta certitude de « culpabilité principale » de ces pesticides que ne semblent pas partagé cette personne qui, sans affirmer pour autant la « non culpabilité » certaine de ces substances, dépeint une problématique plus complexe… En tant que profane je suis également étonné que tu évoques une application du principe de précaution par les gouvernements « 10 ans après » (donc 2e partie des années 2000 si je me fie à la fiche wikipédia du syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles situant les débuts de ce syndrome aux alentours de 1998?) alors que sauf erreur de ma part des interdictions sur certaines cultures ont commencé peu de temps après, dès 1999?
        Par ailleurs si des gens vous ont méprisé a cette époque, j’en suis désolé. Mais sachez qu’un zététicien, tel que je le comprends, aurait au départ dû prendre en compte les avis, vécus et anecdotes des professionnels comme des indices intéressants à approfondir plutot que de vous rejeter en bloc. Heureusement, vous avez dû être soulagé par la suite de voir que cet « échantillon » n’a finalement, mais sans doute tardivement, pas été suivi par la communauté scientifique puisque (selon la même page wikipédia) « depuis le milieu des années 2000 de nombreux travaux ont été publiés, ce qui a permis la constitution d’une bibliographie de plus en plus solide ».
        (À partir de 36e minute)

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  8. Bonjour,
    J’ai du mal avec votre non prise en compte des anecdotes…
    Une anecdote est une mesure, éventuellement fausse ou incomplète ou pas assez renseignée pour trancher, mais je ne crois pas que l’on puisse l’écarter a priori.

    Je crois que ce qu’on peut dire c’est que l’étude scientifique (souvent statistique) rassemble de façon structurée de nombreuses anecdotes, dont on peut comparer les causes (car l’expérience de mesure a été réfléchie pour), et que le scientifique en tire alors une conclusion. L’anecdote contraire mise en avant par le contradicteur n’est pas inexistante ou sans valeur a priori, par contre il appartient à ce contradicteur d’en décrire le protocole, pour que l’on puisse écarter les autres explications possibles et que cela devienne ( ou non) un réel contre-exemple invalidant la théorie proposée dans l’étude stat.

    Je fais des mesures physiques à titre pro: si une mesure donne un résultat aberrant, j’en recherche la cause, généralement un mauvais échantillon, mais je ne dis pas: c’est faux parce que sur cet autre échantillon ça marche. L’échantillon mauvais est mauvais parce que *différent* de la série canonique (par ex: trop poreux, mal cuit….): le résultat de mesure est réel (« vrai »), mais non applicable à la série correctement préparée.

    Dans le cas des anecdotes, je vois ça comme des échantillons non canoniques, parce que telle ou telle condition sous-jacente n’est pas remplie, que telle autre cause est à privilégier pour expliquer le résultat… sans que leur existence soit a priori remise en cause.

    Un autre comportement qui me semble problématique est l’extension d’une conclusion. Par ex. il existe de nombreuses études montrant l’absence de lien entre une consommation de glyphosate et les cancers. Conclusion: le glyphosate ne cause a priori pas de cancer … via les résidus dans les aliments.

    Sauf que cette conclusion ne peut en aucun cas être étendue à: « le glyphosate est bon pour la société », qui nécessiterait de montrer que l’impact sur l’agriculteur, son environnement, l’opportunité sociale ou non d’un type d’agriculture très mécanisée, etc, etc… toutes questions auxquelles il n’est pas répondu dans l’étude sur le lien glyphosate/cancers. Or j’ai vu plusieurs posts de médecins (du courant nofakemed par ex) faire comme si, ce qui me pose problème et ressemble à ce qu’est pour moi le scientisme.

    Merci de me lire,

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