Les records de froid et de neige contredisent-ils le réchauffement climatique ?

[Niveau : facile][1300 mots ~2 mins]

Juste aujourd’hui, au moment d’écrire ces quelques lignes, il a neigé plusieurs fois chez moi. Autant ici, c’est une météo assez désespérante de grisaille humide, autant ailleurs, selon mes fils d’actualités, le temps est plutôt au blizzard polaire.

Les esprits curieux auront alors tout à fait raison de se demander comment de tels phénomènes météo peuvent se concilier avec le réchauffement climatique. La question est loin d’être idiote, tant les deux phénomènes semblent opposés, et évidemment, quelques bases scientifiques permettent de mieux les cerner.

Too Long ; Won’t Read :

  • Climat =/= météo
  • Le climat global à la surface de la Terre se réchauffe même si il peut faire très froid localement
  • Le modèle du réchauffement climatique prévoit des épisodes de fortes chutes de neige : c’est en fait logique

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[Trad] Changement climatique : encore une étude surinterprétée

Ce billet a été posté par Steven Novella sur le blog Neurologicablog le 21 septembre 2017.

Quoi qu’il arrive, c’est la preuve de la conspiration. Du moins du point de vue d’un conspirationniste.

Mais revenons un peu en arrière. Nous sommes en train de parler de scientifiques qui essaient de comprendre le changement climatique, et plus particulièrement les effets du carbone relâché dans l’atmosphère. Comme on pourra s’en douter, cette question complexe recouvre plusieurs niveaux d’analyse.

Le premier de ces niveaux est plutôt basique : les rayons solaires atteignent la Terre, qui en réfléchit une partie dans l’espace sous forme d’infrarouges. Le CO2 (dioxyde de carbone) présent dans l’atmosphère, réfléchit certains de ces infrarouges vers la Terre, emprisonnant ainsi une partie de la chaleur dans l’atmosphère terrestre. Ce phénomène est communément connu comme l’effet de serre, et le CO2 comme un gaz à effet de serre. En somme, plus il y a de CO2 dans l’atmosphère, plus grand sera l’effet, et plus chaude sera la planète en moyenne. Lire la suite

L’effet « Bible-believers ».

rednecks
[niveau : facile] (1350 mots / ~ 6 mins)

Lorsque l’on parle des tenants de théories alternatives, c’est souvent une image caricaturale qui nous vient en tête. Le tenant du complot du 11 septembre ou de diverses croyances de visites extraterrestres incarnera ainsi souvent ce gars à l’air fou et portant un chapeau en papier d’alu sur la tête en vous assurant que « ils » savent tout. De la même façon, un anti-darwiniste se verra facilement incarné par un redneck de la bible-belt états-unienne, prêt à tirer sur quiconque s’approchera un peu trop de son mobile-home, après avoir craché son tabac à chiquer en guise de sommation.

Relativement amusantes, ces représentations n’en demeurent pas moins problématiques en cela qu’elles sont assez insultantes d’une part, mais qu’elles sont par ailleurs bien souvent complètement fausses (ok, pas toujours), sinon totalement contraires à la réalité.

De fait, on croit souvent intuitivement que le niveau d’éducation est systématiquement corrélé à l’acceptation de la démarche et des faits scientifiques, et on arrive ainsi plus ou moins subtilement à la conclusion que les croyances irrationnelles et le rejet de science sont l’apanage des gens les moins instruits et Lire la suite

Pensée conspirationniste et déni de science (climatique) [Difficulté : facile] (2400 mots / ~15 mins)

Maillage tridimensionnel d'un modèle climatique. Les couleurs représentent la température et les flèches le vent. © Vincent Landrin, d'après Laurent Fairhead/LMD/CNRS.
Maillage tridimensionnel d’un modèle climatique. Les couleurs représentent la température et les flèches le vent. © Vincent Landrin, d’après Laurent Fairhead/LMD/CNRS.

Le 19 septembre 2016 a été publié dans la revue d’épistémologie et philosophie des sciences Synthese, un article [1] portant sur la teneur conspirationniste des dénis de science, comme l’anti-vaccinisme ou le climato-scepticisme. Bien qu’applicable globalement à toutes ces formes de déni, cet article porte plus spécifiquement sur le climato-scepticisme, qui est, rappelons-le, le déni du consensus scientifique sur l’existence du changement climatique, et/ou de son origine anthropique, et/ou des risques globaux qui y sont associés.

Ce billet présente une courte synthèse commentée de cet article.

Ce billet a par ailleurs été réalisé à l’occasion de la sortie du film La Terre, le climat… et Homo sapiens, de la chaîne youtube La Tronche en Biais pour la fête de la science 2016 :

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L’arrogance de l’homme et le réchauffement climatique [Difficulté : facile] (800 mots – 5 mins)

sid

Il semblerait que le climato-scepticisme (c’est-à-dire la négation de l’existence du réchauffement climatique ou la négation de l’impact anthropique dans ce dernier), fasse son grand retour sur la scène politique française. Voyons rapidement ce qu’il en est des deux arguments énoncés à cette occasion.

Fort heureusement, rien de nouveau sous l’soleil et on constatera vite qu’il s’agit de deux sophismes éculés. Je me contenterai donc d’adapter pour l’occasion les deux sections concernées de l’excellent Skeptical Science pour le public non anglophone. Si vous parlez anglais, vous y trouverez tous les approfondissements nécessaires.

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Climato-scepticisme et déni de science [difficulté : facile] (3000 mots ~ 15 min)

Quand toutes les excuses sont bonnes pour ignorer les conclusions scientifiques.

grenouille

Reprise humoristique de la Fable de la grenouille , qui même si elle n’est pas réaliste, illustre le problème du ressenti des changements progressifs.

 

GIEC, écolos, Greenpeace, ONG diverses… Bien rares sont ceux qui ignorent tout de ces groupes. Les médias reprennent souvent leurs déclarations, ou s’empressent de lier les éléments de l’actualité à ce fameux Réchauffement Climatique Anthropique (anthropique signifiant “d’origine humaine” ; nous emploierons par la suite RCA par amour des acronymes) dont on nous dit que l’existence est attestée par tous les scientifiques et les experts du climat.
Tous ? Non. Un groupe d’irréductibles climato-sceptiques – qui s’auto-attribuent plutôt le titre de climato-optimistes – résiste encore et toujours à la thèse du RCA. Et la vie n’est pas facile pour les vulgarisateurs, scientifiques et chercheurs qui s’attellent à la dure tâche de contre-argumenter face à eux.

Dans la suite de ce billet, je ne vous conterai pas les aventures d’un quelconque binôme à fort taux de moustache recalé à tous les contrôles anti-dopants. Nous ferons plutôt ensemble un survol des catégories d’arguments climato-sceptiques les plus fréquemment rencontrées, et les analyserons, afin de déterminer s’il est plus rationnel d’accepter, de refuser ou de ne pas conclure quant à la réalité du RCA. Lire la suite

[Synth] Sur la viabilité des croyances conspirationnistes [difficulté : facile] (2000 mots / ~12 mins)

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[EDIT  01/02/2016 : quelques jours sont passés depuis cette publication, et des critiques ont pu émerger sur une faiblesse méthodologique de cet article de D. R. Grimes. Vous pouvez lire le court billet de Nicolas Gauvrit à ce propos ici. La critique est hautement pertinente, et je vous invite à vous souvenir avant d’aller plus loin de ne pas faire dire à cette synthèse -non critique- ce qu’elle ne dirait pas. A mon sens, l’erreur méthodologique pointée par N. Gauvrit est contenue dans les limitations évoquées par Grimes, qui rendent de toute façon toute interprétation trop enthousiaste sujette à caution. Je vous suggère néanmoins de lire cet article, au moins pour sa revue bibliographique sur le sujet, sinon pour les bases qu’il jette d’un moyen d’estimer à la louche la plausibilité d’un complot à grande échelle.]

Le 26 janvier 2016 a été publié dans le journal open access et peer-reviewed PLOS ONE un article intitulé « On the Viability of Conspiratorial Beliefs » par David Robert Grimes. Ce billet en est une synthèse.

Introduction

Les croyances conspirationnistes qui attribuent des événements à des manipulations secrètes d’individus puissants sont largement répandues dans la société. La croyance en une théorie du complot particulière est souvent corrélée avec l’adhésion à d’autres de ces théories dont certains aspects sont très ubiquistes chez différents groupes sociaux. Lire la suite

[Trad] Pourquoi les climato-sceptiques ont tort

Article posté sur Scientific American par Michael Shermer le 1er décembre 2015.

Dans l’histoire de toute théorie scientifique, seule une minorité de scientifiques, voire même juste un seul- à supporté cette théorie, avant que les preuves ne s’accumulent au point que l’acceptation devienne générale. Le modèle copernicien, la théorie des germes, le principe de la vaccination, la théorie de l’évolution, la tectonique des plaques et la théorie du big bang étaient toutes des idées hérétiques à un moment donné, qui sont devenues des consensus scientifiques. Comment cela s’est-il produit ? Lire la suite

[Trad] Oui, il y a un fort consensus sur le changement climatique

Cet article a été posté sur The Logic of Science le 8 septembre 2015

Même si vous n’avez jamais véritablement porté attention au « débat » sur le changement climatique, vous avez probablement entendu quelqu’un parler des « 97% de climatologues entérinant le Réchauffement Climatique Anthropique ». C’est un chiffre que j’ai personnellement cité à de nombreuses occasions et qui est hautement contesté par les climato-sceptiques [NdTr : « climate change deniers » dans le texte, le terme français climato-sceptique est équivoque et ne renvoie pas au mouvement du scepticisme scientifique]. En effet, il est rare que je parle du consensus sans que quelqu’un réponde que ce chiffre de 97% est un mythe et que l’étude qui en est à l’origine (Cook et al., 2013) a été débunkée. Ainsi, dans ce billet, je veux parler du consensus sur le changement climatique selon différents angles. Je vais d’abord me concentrer sur l’étude principale de Cook et al., et expliquer ce que les auteurs ont réellement fait, ce qu’ils ont trouvé, et pourquoi leur étude était robuste. Je veux aussi évoquer les critiques communément faites à cette étude. Enfin, je vais passer en revue quelques autres points qui témoignent d’un fort consensus scientifique sur le changement climatique. Lire la suite