Porter un masque est-il efficace contre le coronavirus ?

Depuis janvier 2020, nous sommes passés à travers une multitude de rebondissements et tergiversations publiques et médiatiques en rapport à l’évaluation du danger pandémique, de la veille d’éventuelles nouvelles vagues, et des meilleurs moyens de les prévenir. Parmi ces controverses, on peut citer la question du port du masque, et du type de masque porté, afin de réduire la transmission de la maladie au sein de la population.

Plusieurs phénomènes concourent certainement à expliquer l’émergence et la persistance de telles controverses publiques. Parmi ceux-ci, on peut pointer le manque de cohérence des différents gouvernements à ce sujet. Un article récent de la revue Nature souligne ainsi l’opinion changeante et les signaux contraires envoyés par le président des USA, en rappelant l’un des derniers épisodes en date, à savoir sa propre infection par le virus tout en ayant, quelques jours auparavant, moqué son opposant à la présidentielle au motif que celui-ci porte un masque en toutes circonstances [1]. La communication du gouvernement français, en particulier par la voix de son ancienne porte-parole, n’a hélas pas plus brillé sur ce sujet.

Mais la confusion peut également s’expliquer en partie par la précarité des données disponibles au début de la pandémie concernant l’efficacité réelle du port du masque généralisé à toute la population, et ce, en dépit d’un raisonnement intuitif incitant à penser que oui, les masques sont utiles. Le même article de Nature rapporte ainsi qu’en avril, une étude montrait l’inefficacité du port du masque, avant d’être rétractée en juillet [2]. En juin, une étude montrait au contraire l’utilité du port du masque, mais est passée au bord de la rétractation sous le feu des vives critiques concernant sa méthodologie [3]. Dans ce contexte, l’OMS comme d’autres agences de santé, a de fait tardé à émettre des recommandations fermes en la matière, notamment par peur de provoquer soudainement l’assèchement des stocks et la pénurie là où ces masques étaient les plus importants, à savoir dans les hôpitaux [1]

Quelles sont dès lors, à l’heure actuelle, les données concernant l’efficacité du port du masque dans la prévention de la contagion ? Y-a-t-il des différences entre les divers types de masques utilisés, notamment ceux achetés en pharmacie, et ceux que nous confectionnons nous-mêmes ? Les masques ont-ils éventuellement d’autres effets bénéfiques ?

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Évaluations des OGM : y a-t-il un journaliste dans l’avion ? (~15 min)

mixremix
Hommage à Mix & Remix

Too Long; Won’t Read :

  • L’étude menée par Robin Mesnage et récemment parue dans Scientific Reports, dont les résultats bruts semblent scientifiquement corrects, est truffée de coquilles entre autres dans ses conclusions.
  • Son introduction ainsi que les conflits d’intérêts non déclarés tendent à décrédibiliser davantage ces travaux.
  • La communication que propose Stéphane Foucart (le Monde) sur le sujet est très partiale et manipulatrice.
  • D’autres exemples très récents laissent à penser que les résultats scientifiques sont dévoyés par le traitement des médias dominants.

Lundi 19 décembre, le journal scientifique open-access Scientific Reports a publié les derniers travaux de Robin Mesnage et son équipe (Gilles-Eric Séralini et Michael Antoniou sont fréquemment ses co-auteurs) sous le titre An integrated multi-omics analysis of the NK603 Roundup-tolerant GM maize reveals metabolism disturbances caused by the transformation process.
Je laisse tomber dès maintenant les figures de styles et le suspense, il y a un certain nombre de problèmes avec cette étude. Je ne me serais pas fendu d’un billet sur le sujet s’il n’y avait que ça ; des papiers incomplets et entachés d’idéologie, on peut en trouver d’autres et celui-ci n’apporte rien de plus que ce qu’on a déjà pu détailler à propos d’autres mauvais travaux dans d’autres billets.

Non, la raison qui motive le texte que vous lisez actuellement, est la communication du Monde au sujet de la parution de l’étude, et en particulier l’article du 20 décembre signé par Stéphane Foucart et Clémentine Thiberge. Sur le moment, j’avais très envie de rédiger un brûlot rageur et pester sans retenue contre le journalisme moderne ou la qualité honteuse de la vulgarisation scientifique dans les médias dominants. En fin de compte, j’ai choisi de plutôt proposer un triste constat que voici.

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Le Muesli du matin n’est PAS bourré de pesticides

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L’info est tombée aujourd’hui : notre muesli matinal serait envahi par plus de 140 pesticides. Le rapport Exppert 7 de Générations Futures d’où sort le scoop est repris rapidement sur 6 radios, les trois chaînes TV d’information en continu et 27 journaux et magazines dont 14 au niveau national franco-belge.
Doit-on avoir peur du muesli ? A-t-on empoisonné nos enfants et nos proches pendant tout ce temps ?

Non. D’ailleurs si on cherchait vraiment à manger assez de muesli pour s’intoxiquer aux pesticides, c’est en réalité le muesli qui aurait notre peau. Voilà, ceux qui sont venus pour avoir une réponse peuvent économiser 10 minutes et arrêter leur lecture. Maintenant, si vous ne me croyez pas sur parole – et je vous encourage vivement à ne jamais croire sur parole ni moi ni le reste de ce que vous lisez ou entendez sur les sujets scientifiques et polémiques – je vous invite à prendre 10 minutes pour comprendre ce que contient (et ne contient pas) le rapport de Générations Futures.

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Le glyphosate, un tissu de mensonge ? (3000 mots ~ 20 mins)

Mise en ligne sur Youtube le 11 mai, une vidéo de l’association militante wemove.eu sobrement titrée “Le glyphosate, un tissu de mensonge” nous propose une analyse se voulant factuelle, des connaissances actuelles portant sur la molécule qui agite si souvent les médias.

Intéressés par les substances présentes dans votre environnement, ou par les risques portant sur votre santé ? Alors reprenons ensemble les arguments exposés dans la vidéo, afin de compléter et enrichir cette dernière avec des sources précises et des explications complémentaires, et faire toute la lumière sur le fameux composé actif du fameux RoundUp de la fameuse entreprise Monsanto. Fameux programme.

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[Trad] Qui sont ces risques qui sifflent sur nos têtes ? Pesticides, vaccins et autres produits chimiques [difficulté : moyenne] (3000 mots ~ 20 mins)

Penchons nous ensemble sur ces risques dont on entend tant parler dans les médias et à la machine à café.

risk
Non, cette illustration n’est pas si hors sujet que ça : les risques sont omniprésents et les évaluer, c’est avant tout éviter les écueils des probabilités.

Ce billet est une traduction de l’article de The Logic of Science datant du 7 Mars dernier. Je reviendrai certainement sur la notion de risque et comment elle se traduit dans la réalité dans une future parution,  mais cet article est une première approche très pertinente et claire qu’il m’a semblé intéressant de relayer, sur les conseils avisés de Plasmodioum.

Nous sommes constamment bombardés par les médias d’annonces telles que « une nouvelle étude affirme que la substance X augmente les risques de Y de 100 % » ou encore « faire X double la probabilité d’avoir Y ». Mais que signifient réellement ces nombres ? Nous, en tant qu’humains, sommes très mauvais en ce qui concerne l’évaluation des risques, et la perception qu’on en a les amplifie beaucoup – ou parfois au contraire, les néglige dramatiquement. Une part du problème vient de la manière dont on parle des risques. Lire la suite

Comprendre le principe de vaccination [difficulté : facile] (1100 mots / ~ 5 mins)

Figure 1 Une cellule immunitaire vue par microscopie électronique (wikipédia)

Pour comprendre sereinement et de manière éclairée le principe de la vaccination, et ainsi éviter les travers de l’anti-vaccinisme, voici une courte et simple présentation des principes sur lesquels repose la vaccination. Lire la suite

Vaccins : l’hygiène peut-elle expliquer la disparition des maladies infectieuses ? Exemple du Japon et de la coqueluche. (1270 mots / ~8mins)

J’aimerais revenir très rapidement sur ce point (sans aborder dans ce billet les sujets connexes, comme le vaccin contre la coqueluche en général) tant il me semble redondant dans les discussions que je peux avoir avec des antivaccinistes de divers degrés. Car la question est pertinente, pour peu qu’on accepte d’entendre la réponse.

En effet, au regard de la concomitance de plusieurs processus à l’issue desquels une observation est faite, il est légitime de se poser la question des variables confondantes. Bon, à la faveur de l’effet google university, beaucoup de personnes croient réinventer l’eau chaude avec cette question, mais il est utile d’y répondre tout de même pour ceux qui souhaiteraient vraiment comprendre.

Le point est le suivant : les antivaccinistes affirment que l’évolution des conditions sanitaires tout au long du XXe siècle explique la disparition des maladies infectieuses. Les preuves scientifiques expliquent que non. Les gens simplement curieux aimeraient comprendre comment mesurer l’effet de l’un ou l’autre processus.

Il convient d’abord de réfuter d’emblée le sophisme / erreur de bonne foi (selon le niveau d’adhésion à l’antivaccinisme de l’interlocuteur) que représente le recours au taux de mortalité pour rendre clairement compte des effets de la vaccination. Car le seul indicateur pertinent du fardeau infectieux dans une population est le taux de morbidité. Il faut en effet préciser que la vaccination n’est pas la seule innovation médicale du XXe siècle, et la prise en charge des malades, parallèlement au développement de la stratégie vaccinale, a grandement concouru à la baisse de la mortalité. Mais le fardeau infectieux peut tout de même être très lourd sans nécessairement conduire au décès des patients : il peut être invalidant à plus ou moins long terme. Clairement, ne pas mourir de la maladie n’est absolument pas un indicateur du fait que l’on n’a pas la maladie. Pour mesurer ce fardeau –la morbidité donc, c’est-à-dire l’état maladif- il convient d’utiliser le bon outil, à savoir donc le nombre de cas détectés dans la population, et non pas le nombre de cas de décès imputables à la maladie sachant que des variables confondantes (les autres innovations médicales) rendent cet indicateur très peu pertinent. S’accrocher aux courbes de mortalité pour mesurer l’effet de la vaccination, c’est un peu comme se balader avec un thermomètre rectal en prétendant ainsi mesurer la vitesse du vent.

Disons ensuite que nous acceptons très exceptionnellement le retournement de la charge de la preuve auquel se livrent ainsi les antivaccinistes. Le meilleur moyen que je connaisse pour tester facilement l’hypothèse hygiénique (appelons là comme ça), est de recourir à des données observationnelles. Ces données observationnelles peuvent proposer le retrait de l’un des deux paramètres dont on cherche à mesurer l’effet à un moment et à un endroit donné : l’hygiène, ou la vaccination.

Évidemment, plus l’échantillon sera important, plus l’observation sera pertinente.

Or, entre autres exemples patents, le deuxième cas s’est effectivement produit à l’échelle d’un pays dans les années 70. C’est l’exemple du Japon, dont le vaccin contre la coqueluche a été abandonné en 1974 pour être réinstauré en 1981. On peut ainsi observer au niveau national l’effet de l’introduction, du retrait, puis de la réintroduction d’un vaccin sur une population moderne dont on suppose que le niveau d’accès à l’hygiène collective et individuelle n’a pas connu de révolution entre 74 et 81, soit la période de retrait du vaccin.

Au Japon, le vaccin contre la coqueluche a été introduit dans les années 40, et a conduit à un recul drastique de la maladie.

Figure 1 Watanabe et Nagai, 2005.

Ce graphique (qui rapporte donc bien le nombre de cas, indicateur pertinent, et non pas le nombre de morts) porte sur la période 1947-1998.

On y observe que jusqu’au début des années 50, le nombre de cas annuels est d’environ 150 / 100 000, avec un pic tous les 4-5 ans. Le vaccin est amélioré deux fois dans les années 50 et 60, accroissant systématiquement l’effet sur le recul de la maladie. En 1970, on passe en dessous de 0,5 cas / 100 000 personnes et par an.

En imaginant que nous ne connaissions alors rien de la vaccination, la chute drastique de la morbidité proportionnellement à l’amélioration de la couverture vaccinale à l’échelle nationale et sur une période de 25 ans et ceci immédiatement après la première introduction vaccinale, incite à émettre l’hypothèse de la cause vaccinale, non ?

Mais ce n’est pas tout. En 1974 et 1975, des effets secondaires rarissimes attribuables au vaccin ont été rapportés (causant le décès de 2 enfants).

Le gouvernement japonais alerté a décidé de suspendre son programme de vaccination contre la coqueluche.

En 1979, l’incidence de la coqueluche (nombre de nouveaux cas par an) était remonté à 11,3 cas / 100 000 personnes.

Durant cette période où la couverture vaccinale est rapidement tombée à moins de 10%, le nombre de cas de coqueluche est passé de 373 en 1974 à plus de 13 000 en 1979. Plus dramatique encore, le nombre de décès causés par la coqueluche est passé de 0 à 41 entre 74 et 79.

L’alerte légitime des japonais, rapidement transformée en antivaccinisme injustifié, leur a tragiquement rappelé la réalité. En 1981, le gouvernement japonais reprend sa stratégie vaccinale contre la coqueluche à l’aide d’un nouveau vaccin, jugé encore plus sûr, mais intrinsèquement moins efficace que sa forme précédente. Néanmoins, dès cette réintroduction, l’incidence de la maladie chute à nouveau en dessous de 0,4 cas / 100 000 personnes, pour avoisiner 0 cas / 100 000 personnes au début des années 2000. Là encore, le Japon n’a pas connu de révolution sanitaire entre 1979 et 1981.

Si l’on considère l’indicateur pertinent, à savoir celui de la morbidité, alors la conclusion devient évidente, car le phénomène se répète à chaque introduction vaccinale. Cet exemple japonais offre cependant l’exemple assez illustratif de l’introduction, retrait et réintroduction du vaccin dans une population tout à fait moderne, sans changement patent dans l’accès à l’hygiène collective et individuelle.

En définitive, toute personne curieuse des sciences de la santé a raison de poser la question des effets attribuables à chaque progrès technique. La démarche scientifique consiste justement à mesurer sérieusement des phénomènes. Il est illégitime en revanche de rejeter ces mesures non seulement sans apporter de contre mesures solides, mais en plus sans rien apporter du tout.

Par ailleurs, beaucoup de personnes ayant recours à l’argument de l’hygiène, aussi infondé soit-il, semblent croire que toutes les pathologies infectieuses sont plus ou moins corrélées au péril fécal, et que l’amélioration progressive de l’hygiène permettra leur éradication. S’il est vrai que l’amélioration des standards sanitaires peut prévenir dans une large mesure certaines infestations parasitaires par exemple, ce n’est pas le cas de toutes les maladies.

Le seul réservoir connu à ce jour de la bactérie responsable de la coqueluche par exemple est l’hôte humain, et sa transmission se fait par voie interpersonnelle aérienne (quand vous toussez). Il est donc illusoire de penser que l’amélioration des standards sanitaires puisse éradiquer une telle maladie, qui n’est aucunement dépendante de ceux-ci.

Tl ; dr (Too Long ; Didn’t Read)

  • L’exemple du Japon et de la coqueluche illustre le rôle de la vaccination dans l’éradication des maladies infectieuses indépendamment des hauts standards sanitaires.

Références linkées dans le texte :

Kuno-Sakai et Kimura, Safety and efficacy of acellular pertussis vaccine in Japan, evaluated by 23 years of its use for routine immunization, Pediatr. Int..

Watanabe et Nagai, 2005, Acellular pertussis vaccines in Japan : past, present, and future, Expert Rev. Vaccines.

Pertussis, CDC Pinkbook.

[Trad] Les courbes qui révèlent tout sur l’efficacité des vaccins

https://i0.wp.com/globalhealthstudents.blogs.ku.dk/files/2014/12/vaccine-yes-no.jpg
Comme on a pu le noter récemment, les vaccins sont sujet à débats dans la sphère politique et publique ; on nous donne nombre de chiffres et de courbes pour appuyer des arguments allant en tous sens. Dans cet article d’Isabella B., contributrice sur Medium, on entend nous montrer ce que disent réellement les données disponibles, qui s’étendent de 1912 à aujourd’hui.

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Vaccins = Danger, les preuves scientifiques

VACCINATION, DANGER, AUTISME, THIOMERSAL, MERCURE, ALUMINIUM, FORMALDEHYDE, PETITION, BIG PHARMA, DOUREIOS HIPPOS !!!!!!

Il y a quelques semaines a été lancée une pétition contre les vaccins. En effet, beaucoup de dangers planent sur ceux-ci, et ils sont très bien connus et évalués par la communauté scientifique. Le consensus scientifique à leur propos est clair et massif. Voyons ce qu’il en est.

Les vaccins causent l’autisme

En 1998, un chirurgien britannique, Andrew Wakefield, a publié une étude dans The Lancet, prestigieux journal médical, qui faisait un lien entre le vaccin ROR et l’autisme.

Évidemment, la communauté scientifique alertée s’est penchée sur le danger supposé. Il s’est assez rapidement avéré que personne à travers le monde ne pouvait reproduire les résultats de Wakefield. Et pour cause, son étude à la méthodologie déjà très mauvaise et présentant de très graves problèmes d’éthique, était en outre l’objet de falsifications produites dans le but d’en tirer des bénéfices commerciaux.

Aucune étude entreprise par la suite n’a jamais confirmé de lien supposé entre la vaccination et l’autisme. Les causes de l’autisme sont encore assez mal connues, mais on sait désormais que les signes de syndromes autistiques apparaissent chez les enfants avant la prise du vaccin, et que l’augmentation présumée des cas d’autisme n’est pas corrélée à l’introduction vaccinale, mais d’abord et avant tout à l’amélioration des capacités diagnostiques à ce propos.

En conclusion : en l’état actuel des connaissances, le consensus scientifique est très clair et massif sur le sujet, la vaccination ne cause pas l’autisme, pas plus qu’aucune autre maladie grave souvent alléguée comme Alzheimer ou différents types de cancers.

L’immunité naturelle est plus efficace que la vaccination

Être exposé à une maladie peut en effet donner une immunité très forte. Mais cela n’en demeure pas moins dangereux. En étant exposé naturellement à la rougeole au motif d’acquérir l’immunité contre cette maladie, vous avez 0,1 à 1 chance sur 1000 de mourir (c’est beaucoup ! dans les pays en développement, ce risque est encore plus grand, de l’ordre de 7,5 décès en moyenne pour 1000 cas, et peut atteindre des pics importants). Avec la vaccination, ce risque tombe à 0%, et sans développer les symptômes de la maladie. Au final, la vaccination nous évite en France 76 à 760 décès annuels pour cette seule maladie.

En conclusion : l’état actuel des connaissances scientifiques nous apprend que comme pour tout médicament, un vaccin peut présenter des effets secondaires. Dans l’exemple du vaccin contre la rougeole, si les effets secondaires bénins (fièvre, rougeur au niveau de la piqure…) sont relativement fréquents (10-15%), les effets secondaires graves sont beaucoup plus rares, et leur fréquence est bien inférieure à celle des complications graves liées à la maladie. In fine, la balance risques/bénéfices reste positive pour la vaccination.

Les vaccins contiennent des « toxines »

Beaucoup de peurs sont agitées au motif que les vaccins contiennent des produits apparemment nocifs, comme le mercure, l’aluminium, et le formaldéhyde. Certains de ces produits ont effectivement un effet potentiellement nocif, tout comme le monoxyde de dihydrogène. Ce dernier est pourtant largement ignoré du grand public, alors qu’il cause la mort de nombreuses personnes chaque année, et que la population mondiale y est fortement exposée à chaque instant.

En réalité, il ne faut pas oublier le principe de Paracelse. La dose fait le poison. Ces produits sont bien connus et évalués en permanence, et s’ils se trouvent dans les vaccins, c’est parce qu’ils y sont bien utiles en plus d’y être inoffensifs.

Ces trois produits sont contenus dans une dose extrêmement faible dans les vaccins, bien en dessous de tout seuil de toxicité. Pire encore, le formaldéhyde par exemple, s’y trouve très en dessous du taux de formaldéhyde contenu naturellement dans notre corps ou dans certains fruits et légumes comme les poires. Le taux de formaldéhyde naturellement et continuellement présent dans le sang est ainsi d’environ 2,74 mg par litre. Un jeune enfant possédant un volume sanguin d’environ 2 à 3 litres porte donc naturellement 5 à 9 mg de formaldéhyde sanguin. Si on prend l’exemple du vaccin anti grippal Fluzone de Sanofi-Pasteur qui a fait l’objet de memes sur internet mettant en avant le fait qu’il contienne du formaldéhyde en quantités traces, c’est environ 1 000 000 (1 million) de fois plus que la dose se trouvant dans le vaccin. Pour tout juste arriver à augmenter ce niveau naturel, il faudrait injecter d’un coup 10 millions à 20 millions de doses de vaccins à l’enfant. Le seuil de toxicité potentielle du formaldéhyde étant de 0,2 mg par kg et par jour, un jeune enfant de 20 kg pourra absorber 4 mg de formaldéhyde par jour sans que cela soit encore dangereux, soit l’équivalent de 1 million de doses de vaccin par jour. Il s’agit ici de répondre à des inquiétudes dénuées de toute base critique, comme ça peut l’être dans le cas de peurs fondées sur une mauvaise interprétation du concepts de trace et des ordres de grandeurs. Mais dans tous les cas, quel que soit le vaccin considéré, le niveau de formaldéhyde circulant naturellement dans le corps d’un jeune enfant serait toujours 50 à 70 fois plus élevé que la quantité contenue dans le vaccin, et donc très en dessous des seuils toxiques.

On retrouve les mêmes principes pour les autres produits incriminés.

En conclusion : une connaissance scientifique très basique (savoir reconnaître des unités de mesures simples) et la compréhension du principe de Paracelse permettent de saisir l’inanité des allégations sur le danger des produits contenus dans les vaccins. Par ailleurs, ces produits sont perpétuellement évalués, leurs dangers sont connus, et le consensus scientifique est extrêmement clair : ces produits, aux doses présentes dans les vaccins, ne présentent aucun risque pour la santé, notamment en ce qui concerne les allégations infondées de risques d’autisme et le thiomersal.

L’amélioration de l’hygiène et de la qualité de vie explique la disparition des maladies infectieuses

L’amélioration de l’état pathologique des populations est évidemment poly factorielle. Du XIXe au XXIe siècles, la vaccination n’a pas été la seule avancée médicale, bien qu’elle fut absolument majeure. On a également fait quelques progrès notables du point de vue de l’hygiène publique, de l’urbanisme, de la prise en charge médicale, de la chirurgie… Tous ces éléments jouent bien entendu à différents niveaux sur le taux de mortalité des maladies infectieuses. Il est cependant possible d’isoler chaque paramètre et d’évaluer l’importance de chacun. On voit dès lors que la vaccination reste l’élément central et essentiel permettant l’éradication des infections.

Si l’on reprend l’exemple de la rougeole aux USA par exemple, on voit qu’avant 1963, la date d’introduction du vaccin, la prévalence de la maladie était de plus de 400 000 cas par an. Les standards d’hygiène étaient alors très semblables à ceux que nous connaissons aujourd’hui. En 1970, cette prévalence n’est plus que de 25 000 cas par an, 71 en 2009.

En conclusion : si nos conditions de vie actuelles rendent la maladie moins insupportable que par le passé, elles ne permettent pas de l’éviter. Les effets de l’introduction de la vaccination sont très bien connus, majeurs, et seuls responsables des véritables éradications que nous connaissons aujourd’hui.

Les risques de la vaccination sont supérieurs à ses bénéfices

Comme on l’a déjà évoqué plus haut, tout médicament quel qu’il soit comporte des risques secondaires. Ceux liés à la vaccination sont rarissimes en plus d’être bénins dans la plupart des cas. Quoi qu’il en soit, ces risques sont incomparablement plus faibles que ceux encourus en l’absence de vaccination, dont les complications et issues fatales sont parfois assurées.

En conclusion : en l’état actuel des connaissances, la vaccination n’est associée à aucun risque grave ou courant. Ces risques dérisoires sont par ailleurs à mettre en rapport avec les bénéfices écrasants de la vaccination, par exemple en ce qui concerne le vaccin contre la grippe.

Le vaccin peut donner la maladie contre laquelle il est supposé protéger

Parmi les rares effets secondaires des vaccins (tous les médicaments ont des effets secondaires), certains peuvent rappeler les symptômes provoqués par la maladie contre laquelle doit protéger le vaccin. En ce qui concerne les vaccins désactivés, c’est-à-dire ceux dans lesquels le microbe a été tué, c’est tout simplement impossible. Pour les vaccins vivants, c’est théoriquement possible, mais les symptômes observés sont provoqués par le vaccin, et non pas la maladie réellement entrain de se développer. Dans ce dernier cas, la réaction montre tout simplement de façon visible que la réaction immunitaire attendue a bien été provoquée. En effet, le gonflement, la rougeur et la sensation de chaleur sont les premiers signes visibles d’une réaction immunitaire localisée, exactement comme à l’endroit d’une piqure d’insecte.

On ne connait qu’un seul cas supposé de risque (toujours extrêmement faible), de maladie développée à la suite d’un vaccin devant la prévenir, celui de l’OPV qui a été retiré de la circulation par précaution, et ce malgré des bénéfices énormes pour la santé des enfants à travers le monde.

En conclusion : la sécurité des vaccins notamment au regard du risque de provoquer la maladie contre laquelle ils doivent combattre est très strictement évaluée. Certaines de ces peurs reposent sur des non-sens biologiques (cas des microbes désactivés), et restent dans tous les cas infondées au regard des contrôles stricts et massifs pré et post introduction.


OGM = Danger, les preuves scientifiques

LA VERITE SUR LE ROUNDUP, HERBICIDE, MAÏS BT, COTON BT, SOJA BT, SUPERWEED, CONTAMINATION, MONSANTO, PESTICIDE, BIODIVERSITE, EQUUS TROJANUS !!!

Figure 1 Image tirée du documentaire intitulé « GMO OMG » de Jeremy Seifert, reviewé sur ce lien.

Très souvent, dans le milieu des opposants aux OGM, j’entends dire qu’on n’a pas assez de preuves scientifiques sur les dangers des OGM, qu’on ne sait pas, qu’il n’y a pas d’études, qu’on n’a pas prouvé l’innocuité des OGM, etc.. Mais les camarades qui disent cela se trompent lourdement. En réalité, la documentation scientifique sur les dangers des OGM est énorme. Ceci s’explique par le fait que les OGM sont les produits biologiques les plus suivis au monde depuis 30 ans. Aussi, on cumule les données observationnelles et expérimentales. Il existe des milliers d’études sur les OGM, et des centaines d’entre elles évaluent leur danger. Bien entendu, une partie de ces études est financée par l’industrie. Mais au moins autant sont entreprises par des universitaires sur des budgets de la recherche publique.

De fait, les articles scientifiques indépendants de l’industrie et posant la question des dangers des OGM sont légions. Depuis les premiers travaux sur les OGM jusqu’en 2006, 31 848 articles scientifiques avaient été publiés sur le sujet. Le problème est que l’évaluation des dangers des OGM repose sur une approche multidisciplinaire, ce qui a tendance à diluer la visibilité de telles recherches déjà dans le domaine scientifique, mais encore plus auprès du grand public. Un journal peer review spécifique ainsi qu’une base de données dédiée à ces recherches ont donc été créés.

Le consensus scientifique sur le danger des OGM est très clair, comme il a pu être mis en évidence par une revue bibliographique sur tous les articles scientifiques publiés entre 2002 et 2012, soient 1783 articles comprenant des travaux de recherche et d’autres revues bibliographiques.

Nicolia et al., 2013
Nicolia et al., 2013

On peut voir que les études portant sur les dangers des OGM sont assez bien balancées entre les interactions OGM-environnement (47,5%) et les interactions OGM-humains (43,2%). A l’intérieur de ces deux grandes catégories, plusieurs thèmes sont abordés.

Les dangers pour la biodiversité

C’est le thème le plus fouillé par les scientifiques (68,4%) dans la catégorie des interactions OGM-environnement. On commence donc à connaître beaucoup de choses sur les dangers des OGM pour la biodiversité.

Comme vous le savez, la plupart des Plantes Génétiquement Modifiées (PGM) le sont pour devenir résistantes à des herbicides, comme le Roundup, ou pour produire des toxines insecticides, comme les semences Bt. Les scientifiques évaluent donc en permanence les dangers que cela peut représenter aux travers de données observationnelles et expérimentales.

La littérature évaluant ces dangers pour la faune, qu’il s’agisse des oiseaux, serpents, insectes non ciblés par les insecticides, microfaune du sol, etc., est extrêmement importante. Une revue de cette littérature montre bien les quantités de preuves sur les dangers des OGM : rares ou inexistantes. Les impacts négatifs qui ont pu être mis en évidence ont par ailleurs été critiqués pour leur faiblesse statistique et leurs extrapolations abusives.

Les OGM-herbicides et insecticides provoquent naturellement une baisse de la biodiversité au regard des cibles de ces pesticides. C’est en effet parfaitement logique et le même résultat est attendu en agriculture conventionnelle ou bio. Quel que soit le moyen de lutte utilisé, il conduit nécessairement à la diminution des cibles dans la zone d’utilisation. Cela démontre simplement l’efficacité de ces méthodes. Il est notable de constater que cette baisse de la biodiversité des cibles est généralement plus grande en agriculture utilisant des variétés non OGM, car les pesticides chimiques utilisés sont plus toxiques et persistants dans l’environnement. A ce propos, l’utilisation des « pesticides OGM » a permis une très large diminution de l’utilisation des pesticides chimiques conventionnels dans le monde, et donc une importante réduction de la pollution.

Le danger que représentent les OGM en termes d’apparition de plantes résistantes aux herbicides, les superweeds, ou d’insectes ravageurs résistants aux insecticides sont également bien évalués. Mais en réalité, ces problèmes bien connus ne sont pas spécifiques aux produits OGM. La théorie de l’évolution nous apprend effectivement que la pression sélective continue sur les individus, provoque nécessairement une adaptation continue. Ainsi, il semble peu probable qu’une solution de lutte contre un nuisible biologique ne soit jamais définitive. Il s’agit alors d’établir une gestion intelligente de différentes méthodes de lutte combinées pour éviter l’apparition de résistances. C’est ce qu’on appelle la course à l’armement. Ces dangers sont exactement les mêmes en agriculture conventionnelle ou biologique. Ils ne représentent pas une spécificité des OGM. Les techniques de l’un ou l’autre mode d’agriculture peuvent très bien être utilisées de manière combinée de sorte à réduire à la fois les pollutions et les risques de résistance.

En conclusion sur les dangers des OGM pour la biodiversité, il est notable de constater que les craintes communément soulevées ne sont pas justifiées. En outre, la diminution de la pollution grâce aux champs OGM est favorable à la biodiversité. Clairement, cette pratique ne présente aucune différence néfaste avec celles utilisées traditionnellement par l’homme depuis le Néolithique.

La contamination

Des plantes non OGM peuvent fertiliser des plantes OGM et vice-versa. Ceci se passe en permanence dans la nature entre des plantes non OGM. On appelle ça la reproduction. Lors du processus de reproduction, des gènes sont échangés et transmis aux générations suivantes. On parle de flux de gènes, processus improprement appelé « contamination » par les opposants, durant lequel des transgènes peuvent circuler et se fixer dans une population de plantes sauvages par introgression. Dans la littérature sur les dangers des OGM, les flux de gènes représentent 31,6% des publications relatives aux interactions OGM-environnement. C’est clairement un sujet très chaud qui est suivi sans relâche et dont le nombre de publications est en augmentation depuis 2006. Beaucoup de personnes craignent que ce flux de gènes soient nocifs. Qu’en est-il réellement ?

Beaucoup de facteurs conditionnent une telle possibilité : le mode de reproduction des plantes OGM, la présence ou non à proximité de plantes sauvages sexuellement compatibles, et la viabilité de tout hybride potentiel. Plusieurs exemples d’introgressions de ce genre ont déjà été documentés. Ce danger est bien connu. Plusieurs stratégies combinées existent pour le limiter : la stérilité des plans mâles, la désynchronisation de la floraison, l’introduction de gènes défavorables… Mais aucune de ces méthodes seule n’est totalement efficace pour interdire l’introgression d’un transgène dans une population sauvage.

Quoi qu’il en soit, le suivi intensif de ces dangers n’a encore jamais détecté d’effets défavorables de l’introgression d’un transgène dans une population sauvage. Par ailleurs, et exactement comme je l’ai dit plus haut concernant l’apparition de résistances, ce problème n’est absolument pas spécifique aux OGM. Il existe de nombreux exemples documentés d’hybrides non OGM naturellement invasifs et d’apparitions de résistances aux herbicides dans des populations sauvages sous l’effet de mutations aléatoires et naturelles.

Pour produire des plantes OGM, il est souvent nécessaire de recourir à un gène de résistance aux antibiotiques qui agit comme marqueur dans les cultures cellulaires, de sorte à pouvoir sélectionner uniquement les cellules porteuses du transgène et a fortiori résistantes à l’antibiotique. Il est donc raisonnable de penser que ce gène de résistance aux antibiotiques, transféré jusque dans le PGM final, puisse in fine passer dans le sol lors de la dégradation des restes végétaux et entrer en contact des bactéries du sol. Or, on sait parfaitement que les bactéries sont naturellement capables d’intégrer à leur génome de l’ADN exogène rencontré dans leur environnement. C’est ce qu’on appelle le transfert de gène horizontal. Le danger, bien entendu, serait alors que des bactéries intègrent ce gène de résistance aux antibiotiques, et que l’on se retrouve avec des bactéries ultra pathogènes et résistantes.

Cependant, les investigations menées en laboratoire jusqu’à présent montrent que cette intégration se fait à un rythme extrêmement lent, alors que les expérimentations en plein champ n’ont pu montrer aucune preuve de ce phénomène.

De plus, dans le cas apparemment très improbable où un tel scénario arrivait, cela n’affecterait pas les populations de bactéries déjà présentes dans le sol et naturellement résistantes aux antibiotiques, ni n’impliquerait de risques additionnels pour les humains ou les animaux.

Le génie génétique prévoit en outre l’utilisation d’autres types de marqueurs génétiques que des gènes de résistance aux antibiotiques, et l’élimination de tous les gènes non désirés en bout de chaîne dans le génome final de la plante OGM.

En conclusion sur les risques de contamination, nous pouvons dire qu’ils sont tout à fait identiques à ceux de l’agriculture conventionnelle et biologique traditionnellement pratiquées. Le terme de « contamination » est en fait scientifiquement inexact, et ne fait que décrire un processus naturel non dangereux.

Les dangers pour les hommes et les animaux

L’équivalence en substance recouvre un aspect crucial de l’évaluation des risques liés aux OGM. L’équivalence en substance est la procédure stricte de vérification des effets créés par le transgène introduit dans un OGM. Cette procédure implique la comparaison de l’OGM avec la même plante non transgénique, possédant le même génotype moins le transgène. L’équivalence en substance, n’est donc absolument pas, comme on peut le lire sur le web, une norme attribuée gratuitement. C’est une procédure fondamentale de vérification de la conformité nécessaire à l’autorisation de mise sur le marché.

Cette procédure suit deux grandes étapes. D’abord, l’OGM est testé pour ses propriétés agronomiques, morphologiques et chimiques, telles que ses micro et macronutriments et ses protéines toxiques. Cette étape fixe la nécessité ou non de poursuivre des analyses sur les qualités nutritives de l’OGM. Tout écart qui tombe dans la variabilité naturelle de la plante non OGM est logiquement considéré comme sûr. Cette procédure est validée et reconnue internationalement. Si des différences ne recouvrant pas la variabilité naturelle de la plante non OGM sont détectées, elles doivent être analysées pour évaluer leur danger.

Cette procédure a été utilisée jusqu’à maintenant, et atteste donc de l’équivalence des plantes OGM avec leur version non OGM moins le transgène intégré. C’est ainsi que l’on sait que toutes les PGM mises sur le marché sont équivalentes à leur forme non OGM. Il ne s’agit pas d’une décision arbitraire.

L’équivalence en substance est fondamentale dans toute étude de conformité de produits OGM et est l’objet d’un consensus scientifique sans équivoque.

Il est notable que la littérature scientifique portant sur l’équivalence en substance est essentiellement composées des recherches produites par les firmes de biotechnologie. Ce constat est logique, dans la mesure où la puissance publique exige que les compagnies privées financent elles mêmes la mise aux normes des produits qu’elles souhaitent mettre sur le marché. Sans quoi, le contribuable devrait s’attendre à financer ces études, de sorte à ce qu’il se retrouve à payer les compagnies privées pour lui vendre des produits, et donc passer à la caisse deux fois. Bien que financées par les compagnies, ces procédures de conformité doivent être soumises au contrôle des instances de régulation publiques.

Depuis 2009, de plus en plus de procédures de contrôle, basées sur des tests d’équivalence non ciblés, en termes de transcriptomique, protéomique et métabolomique, se multiplient. Ces méthodes sont en cours de développement et ne sont pas encore harmonisées internationalement, de sorte à ce qu’on ne puisse pas encore en retirer des données utilisables. En l’état, le principe d’équivalence en substance reste une base très solide aux procédures de contrôle. Mais les transgènes et leurs produits sont bien entendu contrôlés eux aussi.

En conclusion sur l’équivalence en substance, nous pouvons dire qu’il s’agit d’un processus fiable et internationalement reconnu pour s’assurer par des analyses rigoureuses que le produit OGM est strictement identique au même produit non OGM. L’analyse du transgène est logiquement réalisée à part entière, en plus de l’équivalence en substance.

Les dangers pour la consommation représentent une part très importante de la littérature scientifique sur le sujet. Leur proportion par rapport aux autres thèmes reste constante, mais un pic de publication à ce sujet a été observé en 2008, à la suite de la ferveur scientifique occasionnée par les recherches expérimentales publiées par les compagnies en 2006.

Les dangers supposés des OGM pour la consommation peuvent se regrouper en trois aspects : l’innocuité du transgène inséré et de sa transcription en ARN, l’innocuité de la protéine transcrite par le transgène, et l’innocuité des changements attendus et inattendus sur les cultures. En d’autres termes, l’ADN transgénique et les protéines qu’il fabrique peuvent-ils être toxiques et mauvais pour la santé ?

Concernant l’innocuité de l’ADN, il faut savoir que celui-ci est contenu dans le régime alimentaire normal, qu’il soit issu de l’agriculture conventionnelle ou biologique, de sorte à ce que chaque humain consomme entre 0,1 et 1 gr d’ADN par jour quelle que soit sa diète. Cet ADN peut être détruit par la digestion, activer le système immunitaire, ou promouvoir la formation de biofilm bactérien. Des inquiétudes sont régulièrement soulevées quant à la possibilité pour un transgène de transférer une résistance antibiotique aux bactéries entériques selon les principes expliqués plus haut à propos des bactéries du sol, ou quant à sa translocation et accumulation dans le corps humain. Il est nécessaire une nouvelle fois de remettre les choses dans leur contexte.

D’abord, ce mécanisme n’est pas propre à un gène venant d’OGM. Ensuite, un transgène est totalement dilué dans la masse de l’ADN ingéré naturellement, à hauteur de 0,00006% à 0.00009%, et est digéré comme n’importe quelle autre partie de l’ADN. Par ailleurs, la préparation de la nourriture, cuisson, friture, ébullition, dégrade déjà préalablement les molécules d’ADN, transgénique ou pas, avant même leur ingestion. On sait expérimentalement que le transfert horizontal de transgène par les bactéries entériques des humains et des animaux est quant à lui rarissime. Si le scénario du pire arrivait, il est a noter que la résistance antibiotique utilisée pour les PGM ne représente pas de danger pour la santé des humains et des autres animaux. Il arrive naturellement que des molécules d’ADN passent la barrière intestinale lors de la digestion, mais ce phénomène n’a été observé que dans de très rares cas où un très grand nombre de copies d’un même gène se trouvait présent et dont des exemplaires étaient retrouvés dans des tissus et des organes de différents animaux ainsi que du lait de vache. Chez les humains, on a déjà pu observer le passage à travers la paroi intestinale d’un gène de lapin se trouvant dans un très grand nombre de copies. Le passage d’un transgène à travers la paroi intestinale à déjà pu être observé également, notamment chez le cochon et la truite arc-en-ciel, mais en micro quantités et avec de forts soupçons de contamination croisée lors des analyses. Dans la majorité des études conduites jusqu’à présent, il n’a pas été possible de retrouver des fragments de transgènes dans aucun produit animal dérivé. Il n’existe encore aucune preuve à ce jour de passage d’ADN à travers la paroi intestinale et d’intégration de celui-ci au génome des cellules de l’organisme hôte.

Clairement, l’ADN transgénique ingéré par la consommation d’OGM ne diffère en rien, intrinsèquement ou physiquement de n’importe quel autre ADN non transgénique déjà présent dans l’alimentation et n’implique aucun risque supérieur à l’ingestion de n’importe quel autre ADN non transgénique, qu’il vienne de produits de l’agriculture conventionnelle ou biologique.

Quand aux inquiétudes sur l’ingestion de transcrit ARN transgénique, les observations sont les mêmes que celles qui viennent d’être faites à propos de l’ADN. Un unique cas original est en cours d’investigations supplémentaires.

L’ADN transgénique induit pour la PGM recevant le transgène, la biosynthèse d’une protéine transgénique. On peut raisonnablement poser la question de la toxicité de telles biomolécules. L’innocuité de celles-ci est investiguée de diverses manières : des analyses bioinformatiques pour évaluer leur similarité avec la listes des substances toxiques et allergènes actuellement connues ; leur stabilité face au pH et à la température ; leur digestibilité in vitro via des fluides gastriques de mammifères (et donc la perte de leurs éventuels pouvoirs allergènes) ; leur niveau d’expression et d’absorption alimentaire afin d’évaluer l’exposition humaine et animale ; des tests de toxicité aigüe et chronique chez des rongeurs en utilisant la protéine transgénique purifiée afin de prédire les éventuels risques de toxicité chez les humains.

Le détail de ces analyses doit nécessairement être fourni aux autorités de régulations avant toute autorisation de mise en vente sur le marché. Ces données ne sont en revanche pas nécessairement publiées en outre dans des journaux scientifiques. Cette tendance tend cependant à s’inverser ces dernières années par la prise de conscience des compagnies de la nécessité de plus grande transparence. Il n’existe pas actuellement de preuves scientifiques d’effets toxiques ou allergiques. Les inquiétudes soulevées en 2007, 2009 et 2012 ont très vite été estompées par la très faible qualité des études qui en étaient à l’origine. Seuls deux cas d’effets allergiques sont connus à ce jour, l’un concernant un soja OGM qui n’a donc pas été mis sur le marché, et le cas jamais confirmé du maïs Starlink.

En conclusion sur les risques d’allergie et de toxicité à la consommation, nous pouvons dire que ceux-ci sont strictement et rigoureusement évalués par plusieurs batteries de tests très pointus. Les OGM sont les seuls aliments à ainsi faire l’objet de telles procédures de contrôle, et sont en cela beaucoup plus sûrs que les aliments bio qui ne sont eux jamais contrôlés. Les seuls risques connus n’ont logiquement jamais passé les premiers tests de conformité et n’ont jamais été développés.

Conclusion

Le nombre de repas consommés par des animaux nourris aux OGM depuis leur introduction il y a 20 ans, avoisine les deux trillions (soient 2 000 000 000 000 000 000, soient deux milliards de milliards, soient deux millions de millions de millions de repas). Ces données observationnelles absolument gigantesques, en plus des données expérimentales, n’ont jamais donné lieu à la moindre preuve de danger représenté par les OGM mis sur le marché. Sur les 9 milliards d’animaux d’élevage destinés à l’alimentation produits annuellement aux USA et suivis sur la période 1983-2011, strictement aucune différence n’a jamais été observée à partir de l’introduction des PGM dans l’alimentation de ces animaux en 1996, soient plus de 100 milliards de bêtes élevées depuis cette introduction et nourries à 95% d’OGM. Il est notable que la moindre crise épidémique apparue à la suite de l’introduction des OGM aurait immédiatement été détectée. Dans un tel scénario, les bêtes tomberaient malades à travers le monde par centaines de milliers. Il suffit de voir l’effet des épizooties infectieuses pour se rendre compte de ce que devrait être le moindre signal épidémique. Les données expérimentales de toutes sortes, dont de nombreuses études sur la toxicité à long terme (de 110 à 728 jours, jusqu’à 10 générations), n’ont pas montré de signes d’impact sur la santé des animaux ni de différence dans la valeur nutritive de cette alimentation en comparaison de leur équivalent non OGM.

En face de cela, une poignée d’études massivement dénoncées pour leurs nombreux biais et leur qualité exécrable continuent de retenir l’attention des médias grands publics qui passent sous silence les centaines d’autres études existantes sur le sujet et faisant consensus.

La revue de la littérature scientifique ne serait-ce que de ces dix dernières années (les OGM sont en développement depuis 30 ans), témoigne de ce consensus de sécurité et de suivi permanent pour tous les aspects de la question : impact sur l’environnement, impact sur l’homme et les autres animaux, traçabilité… Il est notable de constater, année après année, que chaque motif d’inquiétude dans le grand public est suivi par un regain de production scientifique à ce propos, comme ça a été le cas en 2011 sur les questions de biodiversité et les flux géniques soulevées par l’opinion publique. En l’état de la masse des connaissances scientifiques en perpétuel perfectionnement et accumulées depuis plusieurs décennies, la consommation d’OGM ne représente pas de danger supérieur à celui de la nourriture produite par l’agriculture conventionnelle ou biologique.

Il ne s’agit ni d’être « anti » ni d’être « pro » OGM. Ces deux positions sont irrationnelles, tout comme celle consistant au fence sitting et niant l’existence du consensus scientifique. Rationnellement, seules les preuves comptent. Le meilleur moyen à notre connaissance d’acquérir ces preuves et de les articuler logiquement reste la méthode scientifique. Or, cette méthode, grâce à des centaines de milliers de chercheurs à travers le monde, indépendants les uns des autres et acceptant de soumettre leurs résultats à la critique de leurs pairs, permet d’aboutir à un consensus scientifique. Ce consensus n’est évidemment pas définitif et est soumis aux connaissances nouvelles qui l’abreuvent en permanence. Dans le cas des OGM, le consensus, reposant sur des dizaines de milliers de publications scientifiques concordantes sur des dizaines d’années, est sans équivoque. Évidemment, cela ne veut absolument pas dire qu’il faut arrêter les contrôles et les évaluations, ni mêmes abaisser leur qualité. L’objectif de la recherche scientifique est bien le contraire : toujours augmenter la masse de connaissances et la rigueur de leur analyse. Ce qui est certain, c’est qu’on ne peut pas décemment prétendre que ces données n’existent pas ou seraient trop peu nombreuses pour savoir.

Paradoxalement, ces questions pourraient bénéficier d’une activité scientifique encore plus importante si ce n’était l’opposition virulente sinon violente d’une fraction de l’opinion aux expérimentations publiques en plein champ. Cette double position des cercles militants à exiger plus de recherche publique tout en la vandalisant est absolument mortifère pour la science et le progrès technologique et humain. Il est inconcevable que les contributions humanitaires de la recherche publique en biotechnologie soient vandalisées et retardées par des groupes de pression militants sans motifs valables au péril et au plus grand mépris de populations nécessiteuses.

Tout aussi paradoxalement, les réglementations européennes qui planent sur l’ingénierie génétique sont extrêmement lourde. Ceci n’est pas fondamentalement mal. Mais cet état contribue de facto à empêcher au secteur public et aux startups d’émerger et de faire contre poids aux géants américains. Là encore, une double position ubuesque.

Cet état de fait est probablement la conjonction d’interactions complexes entre des phénomènes sociologiques, psychologiques, politiques, et de non représentation du consensus scientifique auprès du grand public. Tous ces facteurs doivent être pris en compte pour un débat constructif à propos de l’utilisation des biotechnologies à l’avenir. L’amélioration de la communication scientifique, une meilleure visibilité du consensus, et une présentation non biaisée de celui-ci dans les médias de masse, pourraient clairement changer la donne, comme ça a été le cas récemment au Royaume-Uni pour le lancement de champs de blé expérimentaux.

Si ce tour en poney GM vous a plu et que vous en avez retiré quelque chose, n’hésitez pas à le diffuser largement.